Extrait: Histoire d'Amour en Vie - Volume 1 (Ruslan & Darya)

Février 2025

Roman d'amour

À Rostov-sur-le-Don, au bord du fleuve au petit matin, Ruslan & Darya se laissent gagner par un amour naissant. Dans un silence chargé d’émotion, leurs mains se frôlent, leurs souffles s’apprivoisent, jusqu’à un baiser tendre qui marque le début d’un lien profond. Indifférents à la ville qui s’éveille, ils s’abandonnent à un instant d’intimité suspendue, hors du temps.

Le fleuve Don coulait doucement sous la chaleur de la lumière matinale, teintant l’eau bleue d’éclats dorés. L’air du matin était froid, chargé d’une quiétude qui enveloppait la ville de Rostov-on-Don. Sur un banc en pierre, mouillé par la rosée de l’aube, Ruslan et Darya étaient assis côte à côte. L’aire de jeux à quelques mètres de là scintillait encore sous la rosée, promesse du rire des enfants qui viendraient plus tard remplir l’espace. En cet instant, la ville existait autour d’eux, vibrant de vie, tandis qu’eux se trouvaient figés dans leur propre instant suspendu.
Ils ne se parlaient pas, mais ils n’en avaient pas besoin. Le silence entre eux n’était pas pesant, il vibrait d’une tension douce, comme une corde sur le point de rompre. Ruslan, le dos légèrement courbé, les coudes sur les genoux, un café à la main, observait les remous du fleuve tandis que Darya effleurait du bout des doigts la pierre froide sous elle, cherchant à ancrer son esprit à quelque chose de tangible.
Il tourna la tête vers elle, la détailla dans la lumière du matin. Ses longs cheveux sombres tombaient en cascade sur ses épaules. Sans un mot, il lui prit la main, l’enveloppant dans les siennes pour la réchauffer. Ils se levèrent et commencèrent à marcher. Ruslan appuya Darya sous l’ombre tremblante de l’arbre le plus proche. Son profil se dessinait avec une finesse qui le laissa suspendu à sa contemplation. Son regard glissa sur sa main posée entre les siennes, timide, hésitante.
Il approcha sa bouche près de son cou et osa enfin briser le silence, lui murmurant dans le creux de son blouson : « Я тебя люблю ». Il effleura du bout des doigts sa paume, la caressant lentement, comme pour demander la permission. Darya se sentit libre et vulnérable à la fois tout en sentant les mains de Ruslan remonter le long de son bras. Un froid parcourut son corps, de son cœur à ses reins. Délicatement, elle laissa son corps entre les mains de Ruslan. Ils ne bougèrent pas, figés dans ce moment fragile où chaque sensation prenait une intensité nouvelle.
Elle leva la tête vers lui et ses yeux se perdirent dans son regard. Rien n’existait autour d’eux en cet instant. Elle pouvait sentir la chaleur de son corps, plus proche qu’elle ne l’aurait cru. Ses yeux clairs avaient une profondeur qui l’emportait loin de la réalité, et Darya, d’ordinaire si prompte à esquiver l’émotion, s’abandonna complètement à lui. Il la serra contre lui lentement tout en gardant ses mains dans les siennes. Puis, dans un geste sensuel, il posa sa main droite sur ses hanches, la rapprochant encore plus de lui. Il se rapprochait avec la délicatesse de celui qui sait que l’instant est précieux, qu’il suffit d’un souffle de trop pour qu’il s’efface.
Darya rougit et répondit d’une voix cassée, à peine audible : « Я уже... » Doucement, alors qu’elle commença à baisser la tête, il posa son pouce et son index sur son menton comme pour empêcher qu’elle ne s’échappe, car il l’aimait, là, dans toute sa sensibilité. Il laissa tomber sa tasse de café sur ses chaussures, l’éloignant temporairement du pied, ne se souciant pas du sort du récipient vide. Il lui releva la tête et elle sentit son souffle se suspendre. Ses doigts effleurèrent sa joue avant de descendre lentement le long de ses lèvres, jusqu’à son cou. Elle ferma les yeux sous la douceur de ces doigts, s’abandonnant à Ruslan qui l’enveloppait tout entière.
Il n’y eut pas de mots pour précéder ce qui se passa ensuite. Pas de phrases maladroites, pas d’excuses ni de justifications. Seulement ce moment, pur, brut, suspendu entre deux battements de cœur. Ruslan avança son visage vers le sien, leurs souffles se mêlèrent un instant, et puis enfin, il déposa un baiser sur ses lèvres.
Leur premier baiser fut d’une tendresse infinie, sans urgence, sans précipitation. Un baiser qui disait plus que des mots. Darya sentit son cœur battre à l’extérieur d’elle-même, comme s’il s’était déplacé pour vivre en Ruslan. Son corps était à lui en cet instant, ils en oublièrent le temps, rien d’autre n’avait d’importance qu’eux dans cet échange. Lorsqu’il recula légèrement, leurs regards se croisèrent à nouveau. Il n’y avait pas d’hésitation dans celui de Ruslan, juste une douce certitude. Darya, elle, se sentit prise entre deux courants : la peur que cet instant trop court n’existe plus jamais et l’évidence de cet instant qui venait de se graver en elle.
Mais sous cet arbre, avec le murmure du Don et la chaleur de Ruslan contre elle, ils firent tous deux le choix de ne plus lutter contre ce qui, peut-être, était déjà écrit.
Ils restèrent là encore un instant, leurs mains nouées, seuls au monde sous le ciel du matin, tandis que la ville poursuivait son rythme autour d’eux, indifférente à la naissance d’un amour. Puis, lentement, comme s’ils émergeaient d’un rêve, ils reprirent place dans le mouvement de la ville, rejoignant son rythme mesuré, portant en eux la trace fugace de cet instant suspendu.